Publication du dernier rapport du GIEC sur un réchauffement global de 1.5°C

Urgence climatique et impacts sur l’eau : Accélérons le passage à l’action !

Les grands enjeux

Lors de la COP21, les États se sont fixés l’objectif commun de limiter le réchauffement mondial moyen en deçà de 2°C, tout en poursuivant leurs efforts pour le limiter à 1,5°C d’ici la fin du siècle. Cependant, les engagements pris par tous les pays nous mènent à un réchauffement climatique de plus de 3°C d’ici à la fin du siècle.

D’ici à 2030, les émissions globales de CO2 doivent diminuer de 40 à 50% par rapport à 2010. Le rapport nous apprend que pour avoir plus de probabilité de limiter le réchauffement à 1,5°C, il serait nécessaire d’atteindre la neutralité carbone (CO2) dès 2040.

Une action immédiate de la part des gouvernements, entreprises et investisseurs peut encore infléchir la tendance et permettre de limiter le réchauffement à 1,5°C. Cela demande des efforts sans précédent et des transformations profondes de notre système.

Les impacts des changements climatiques sont déjà visibles à 1°C de réchauffement moyen (réchauffement actuel). Or ces impacts ne sont qu’un avant-goût des conséquences dévastatrices et irréversibles d’un réchauffement climatique de plus de 1,5°C. Et même si l’on respecte l’Accord de Paris, les territoires les plus vulnérables pourraient ne pas avoir le temps de s’adapter. C’est le cas des petites îles situées au niveau de la mer. Ce dernier devrait continuer à monter pendant plusieurs siècles. Et sous la surface, les océans subissent déjà des changements sans précédent. Dans un monde à + 1,5 °C, le changement climatique affectera tous les territoires, peu importe leur niveau de développement, mais spécialement les plus pauvres. C’est pourquoi il est nécessaire d’amplifier les soutiens financiers envers les plus vulnérables, afin de garantir une adaptation et une transition juste socialement.

L’impact d’un réchauffement climatique à + 1.5°C ou à + 2° :

  • Hausse du niveau de la mer : De 26 cm à 77 cm à + 1,5°C d’ici à 2100 / 10 cm de plus à + 2°C et 10 millions de personnes en plus menacées
  • Perte de récifs coralliens : De 70 à 90% à + 1,5°C / jusqu’à 99% à + 2°C
  • Banquise arctique : Fonte complète de la banquise en été : 1 fois par siècle + 1,5°C / une fois par décennie à + 2°C

Et pour l’eau ? Décryptage

L’eau est omniprésente dans ce dernier rapport du GIEC, notamment dans les chapitres 3 « Impacts du réchauffement global de 1,5°c sur les systèmes naturels et humains » et 4 « Renforcer et mettre en œuvre la réponse globale ».

En effet, les impacts du réchauffement climatique sont grands sur la ressource en eau :

  • Impacts sur la disponibilité de l’eau

Environ 80% de la population mondiale est déjà confrontée à de graves menaces pour la sécurité de son eau[1]. Sur une population actuelle d’environ 1,3 milliard d’habitants exposés à la pénurie d’eau, environ 3% (Amérique du Nord) à 9% (Europe) sont sujets à une pénurie aggravée à un réchauffement de + 2°C[2]. Environ 8% de la population mondiale devrait voir ses ressources en eau diminuer considérablement avec un réchauffement de + 1,7°C en 2021-2040, ce chiffre passerait à 14% de la population avec un réchauffement de + 2,7°C en 2043-2071.

Un chiffre à retenir ?

Exposition aux pénuries d’eau en 2050 : entre 184 et 270 millions de personnes touchées en plus avec une hausse de la température de 2°C, au lieu de 1,5°C .

  • Impacts sur les événements hydrologiques extrêmes (inondations et sécheresses)

Les plus fortes augmentations des risques d’inondation se trouvent aux États-Unis, en Asie et en Europe en général, alors que les diminutions ne se rencontrent que dans quelques pays d’Europe de l’Est et d’Afrique. L’augmentation des impacts économiques dus aux inondations (en % du PIB) dans les pays africains sera principalement due au changement climatique, d’où un besoin accru en investissements durables dans l’adaptation au changement climatique en Afrique.

Un chiffre à retenir ?

Risques d’inondations : pour 73% de la population, hausse du risque accru d’inondations de 580% dans le scénario d’un réchauffement de + 4°C, de 170% dans le cas d’un réchauffement de + 2°C et de 100% dans le cas d’un réchauffement de + 1,5°C[3].

  • Impacts sur les eaux souterraines

Le changement climatique devrait réduire considérablement les ressources en eaux souterraines dans la plupart des régions subtropicales sèches. Dans certaines régions, les eaux souterraines sont souvent utilisées de manière intensive pour compléter la demande excédentaire, ce qui conduit souvent à leur épuisement (en raison notamment de la hausse des températures sur les terres agricoles[4]).

Un chiffre à retenir ?

Diminution des ressources en eaux souterraines : 20% de la surface terrestre mondiale sera affectée par une réduction de plus de 10% des eaux souterraines renouvelables dans le cas d’une hausse de + 1,5°C[5]. Et 2% de la superficie terrestre connaitra une diminution extrême de plus de 70% des ressources en eaux souterraines renouvelables dans le cas d’une hausse de + 2°C.

  • Impacts sur la qualité de l’eau

Depuis le cinquième rapport d’évaluation du GIED, des études ont détecté les effets du changement climatique sur plusieurs indices de la qualité de l’eau dans les lacs, les bassins versants et les régions[6]. Néanmoins, depuis, peu d’études ont été consacrées à l’analyse des impacts projetés sur la qualité de l’eau sous un réchauffement de moins de 1,5ºC par rapport à un réchauffement de 2ºC. Les différences d’impacts sur la qualité de l’eau entre 1,5 ° C et 2 ° C ne sont pas claires.

L’eau, facteur clé pour l’adaptation au changement climatique

L’eau est également mise en avant comme un élément central de « la réponse globale » à donner pour maintenir le cap d’un réchauffement à 1,5°c.

Le rapport reprend un large éventail d’options d’adaptation disponibles pour réduire les risques, et l’eau est souvent partie intégrante de ces solutions, que ce soit au niveau des écosystèmes, contre les risques d’élévation du niveau de la mer ou les risques pour les moyens de subsistance et la nourriture : Développement d’une gestion durable de la ressource en eau, développement des solutions fondées sur la nature et des services écosystémiques, évolution vers des pratiques agricoles moins consommatrices en eau, etc.

Le rapport étudie de nombreuses options convergentes d’adaptation et d’atténuation pouvant créer des synergies. Par exemple, la gestion durable de l’eau et les investissements dans les infrastructures vertes pour fournir des services durables liés à l’eau et à l’environnement et soutenir l’agriculture urbaine sont présentés comme moins rentables mais peuvent aider à renforcer la résilience au changement climatique.

Face à cette situation alarmante, la Coalition Eau adresse ses recommandations aux décideurs et acteurs du développement.

  • Retrouvez l’ensemble des messages et positionnements de la Coalition Eau à ce lien.

Se mobiliser chacun a son niveau

Une mobilisation citoyenne forte s’organise, en parallèle de la sortie du rapport du GIEC.

Vous pouvez participer ou relayez dans vos réseaux :

  • Retrouvez l’Appel à mobilisation initié par 350.org, ici
  • Consultez le site « Il est encore temps » ilestencoretemps.fr qui met en visibilité une trentaine de moyens d’agir pertinents et appropriables pour le climat, à la fois collectivement et individuellement, identifiés avec les ONG et mouvements mobilisés
  • Visionnez et diffusez la vidéo de mobilisation réalisée avec une quinzaine de youtubeurs et personnalités ici

Pour aller plus loin

  • Le rapport complet du GIEC est disponible ici (en anglais) et ici (en français)
  • Le résumé pour décideurs politiques est disponible ici
  • Le document du PFE « Synthèse et décryptage du rapport spécial 1.5°C du GIEC au regard des ressources en eau » ici
  • Le dossier de presse du Réseau Action Climat France est disponible ici

 

[1] Vörösmarty et al., 2010

[2] Gerten et al., 2013

[3] Alfieri et al., 2017

[4] Wada et al., 2017

[5] Portmann et al. (2013)

[6] Patiño et al., 2014; Aguilera et al., 2015; Watts et al., 2015; Marszelewski et Pius, 2016. ; Capo et al., 2017

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25 janvier 2024

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One Water Summit 2024



21 septembre 2023

CONCLUSIONS DU CICID DE JUILLET 2023

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