Présidence française de l’Union Européenne

Renforcer la résilience des communautés face au changement climatique

Interrogez n’importe qui dans la rue sur les impacts du changement climatique sur l’eau, et ces personnes mentionneront la sécheresse, la raréfaction de l’eau, les inondations, la pollution de l’eau peut-être. Et, pour faire face aux impacts du changement climatique et favoriser l’adaptation, elles se concentreront sur la nécessité de mieux protéger les ressources en eau, d’utiliser l’eau plus efficacement, etc. Tout cela est essentiel, en effet. Mais ce qu’on ne réalise peut-être pas, c’est qu’aujourd’hui, de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès aux services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH). Et lorsque ces services sont disponibles, ils ne pas forcément bien gérés. Si nous voulons que les communautés soient plus résilientes face aux impacts du changement climatique, elles ont besoin de services EAH résilients au climat.

Comment garantir l’accès à des services EAH résilients au changement climatique ? Quels sont les éléments clés de programmes EAH résilients au changement climatique ? Comment pouvons-nous garantir que ce secteur ait accès au financement climatique ? Comment créer des synergies entre les secteurs ? Ce sont quelques-unes des questions dont nous avons discuté le 31 mai lors de l’événement sur la sécurité de l’eau et la résilience climatique que la Coalition Eau et WaterAid ont organisé en partenariat avec la Présidence française de l’Union européenne.

Le principal apprentissage de cet événement – et la bonne nouvelle, de notre point de vue – est que (i) il y a un réel intérêt pour l’enjeu de renforcer la résilience des communautés grâce à l’EAH, et (ii) il y a un fort consensus sur la façon d’y parvenir.

Pourquoi l’accès à l’EAH résilient au changement climatique est-il important pour les sociétés ? 

Tout le monde s’accorde à dire que la crise climatique est une crise de l’eau : « Il y a soit pas assez d’eau, trop d’eau, ou une eau trop polluée », a déclaré le Dr Tania Vorwerk du BMZ en Allemagne. Lovakanto Ravelomanana, du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable de Madagascar, a rappelé l’accumulation récente de « sécheresses, inondations et cyclones les uns après les autres ».

Plus important encore, les participants se sont accordés sur le fait que la sécurité de l’eau est essentielle pour renforcer la résilience globale des sociétés. Comme l’a dit Philippe Lacoste du Ministère français de l’Europe et des Affaires Etrangères :

« Ignorer la sécurité de l’eau reviendrait à écarter une partie des réponses nécessaires pour réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience de nos sociétés ».

De plus, nous ne devons pas nous concentrer uniquement sur l’eau : sans systèmes d’assainissement solides et adaptés au climat, la santé et l’environnement des personnes seront compromis.

Mais comment y parvenir alors qu’environ une personne sur quatre n’a pas d’eau potable gérée en toute sécurité à la maison et que près de la moitié de la population mondiale ne dispose pas d’installations sanitaires gérées en toute sécurité ? Comment garantir davantage d’investissements dans l’EAH résilient au changement climatique alors que ce secteur ne représente que 1 % des financements existants pour l’adaptation au climat à l’heure actuelle ?

Les défis sont énormes, mais il existe des solutions et, comme nous l’avons vu, un accord sur trois grandes voies à suivre.

Comment s’assurer que les communautés disposent d’un accès EAH résilient au climat ? 

1) Le changement climatique est un défi mondial, mais qui a des impacts locaux, ce qui signifie que les solutions doivent également être locales. De plus, il y a une forte dimension de justice climatique dans cette discussion : les communautés en première ligne face au changement climatique paient la facture d’un problème qu’elles n’ont pas causé. Les décideurs politiques et les bailleurs doivent donc veiller à ce que le financement de l’adaptation climatique pour l’EAH atteigne les pays les moins avancés et, en leur sein, les communautés les plus vulnérables. Leur priorité doit être de veiller à ce que les communautés actuellement dépourvues de services EAH et exposées aux risques climatiques aient accès à des services résilients. Ils doivent prêter attention aux ressources en eau mais aussi aux services d’eau, qui sont essentiels pour capter, traiter et distribuer l’eau.

2. Les programmes d’eau et d’assainissement résilients exigent que nous regardions au-delà des infrastructures et que nous investissions dans un environnement et une gouvernance favorables (renforcement des capacités, planification, politiques, financement) et dans des programmes adaptés aux risques climatiques locaux. Pour y parvenir, il est essentiel de comprendre le paysage du financement et d’examiner les complexités de l’investissement. « Le financement climatique doit être adapté aux besoins en eau », a déclaré Marjeta Jager de la Commission européenne. La représentante de Madagascar a demandé que l’accès aux fonds existants soit simplifié, car il existe actuellement de nombreuses procédures, très lourdes, alors que des actions sur le terrain sont nécessaires de toute urgence.Pour que le financement climatique atteigne le secteur EAH, les bailleurs doivent renforcer la capacité technique et la gouvernance institutionnelle de toutes les parties prenantes, et offrir une gamme de modèles de financement pour divers types d’interventions de résilience climatique. Parmi les efforts et initiatives utiles présentés lors de la réunion, citons :

3) Les gouvernements et les institutions doivent travailler au-delà des secteurs. Les approches multisectorielles et multipartites ne sont pas faciles à mettre en œuvre et nécessitent un financement, une volonté politique et une inclusion. Mais tous les secteurs, y compris l’agriculture, l’énergie, la recherche et la santé, reconnaissent l’urgence d’aborder ensemble les problèmes de l’eau. Par exemple, l’EAH doit être intégré dans les lois et les plans climat, ainsi que dans les systèmes de santé. Comme l’a dit l’ambassadeur suédois pour la santé mondiale, renforcer la résilience des communautés aux menaces climatiques signifie s’assurer qu’elles deviennent également plus résistantes aux menaces sur la santé, et l’eau est une illustration de « la raison pour laquelle nous devons créer des ponts entre la santé et le climat ».

Il est temps d’agir sur le financement, la gouvernance et la transversalité 

Il y a deux moments clés à venir pour les décideurs politiques, les bailleurs, le secteur privé, les organisations de la société civile, pour faire preuve de leadership et agir sur ces trois recommandations : la COP27 en novembre à Charm-el-Cheikh et la Conférence des Nations Unies sur l’eau, en mars 2023 à New York. Les panélistes de haut niveau qui ont pris la parole lors de notre événement ont partagé leurs priorités avant la conférence des Nations Unies de mars 2023, notamment : le renforcement de la gouvernance de l’eau ; adopter une approche fondée sur les droits humains ; miser sur les synergies avec d’autres secteurs ; et passer à l’échelle des approches intersectorielles liées à l’EAH.

Nos organisations, la Coalition Eau et WaterAid, sont désireuses de travailler avec l’UE, les décideurs politiques et les bailleurs européens, ainsi que tous nos partenaires, pour garantir que ces priorités soient traduites dans des actions concrètes.

  • Retrouvez 2 vidéos résumées de l’événement ici et ici

Sophie Aujean est Senior Advocacy Advisor  – Représentante de WaterAid auprès de l’UE.

Sandra Métayer est coordonnatrice de la Coalition Eau.

Rejoignez-nous sur Twitter @EUwateraid et @CoalitionEau pour suivre les progrès de ces actions et dialoguer avec nous

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